Le devin Tirésias rapporta à Créon ces paroles à peine obscures où il devait, sous peine de malédiction, "enterrer les morts et déterrer les vivants"…

Pour Antigone, le temps a arrêté sa course éperdue. Drapée de son linceul de vertu et d’honneur, son âme s’élève, béate et offerte, carbone fragile, dans la lumière de l’empyrée.

La fille d'Œdipe, mystérieuse et complexe, c’est la figure de la première rebelle de l’Antiquité, la primo anti-héroïne, l'individu qui se dresse seul contre des forces qui le dépassent et prennent un autre éclairage, révélé par un camaïeu de jeu de carrés crème, ciel, chocolat, tout en volumétrie et en clair-obscur.

Thématique classique mettant en scène la lutte des Hommes contre les dieux et le destin, Anouilh humanise le vain combat de ses protagonistes, les forces en présence étant tout ce qu'il y a de plus humain : l'hypocrisie, l'égoïsme et l’orgueil.

Antigone, l’allégorie de la nécessaire rébellion contre l'ordre injuste, nous insuffle comme une anagogie survivant à son sacrifice : Tout va bien…

« Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. »
Jean Anouilh - Antigone