Confrontation fatale de l'Orient et de l'Occident à travers un amour non partagé, le drame va directement à l'essentiel.

Tendrement nommée du japonais Cio-cio-san, Mademoiselle Papillon, tel l’insecte éponyme, se métamorphose remarquablement à travers une action in medias res ; cet opéra de Puccini cristallise une évolution psychologique de cette jeune geisha aux yeux topaze et au teint diaphane.

Une ambivalence entre légèreté et fatalité, comme une prémonition, traduite par des tonalités de turquoise, de ciel, d’ocre, traduite par ce surnom : comme un Lépidoptère, elle sera impitoyablement épinglée par son mari, comme un trophée de chasse, aux murs de ses amours.

Le fond accidenté cuivré et ivoire nous évoque la douleur, de l'adolescente ingénue abusée par le séducteur, à la jeune mère devant céder avec déchirement son enfant.

Cette héroïne, personnalité engagée et authentique, fantasme innocemment sur les retrouvailles avec son bourreau-amour, et met en perspectives ses appréhensions et ses rêves d'espoir.

Un portrait, comme celui d’une impératrice, un regard pénétrant et énigmatique, comme le destin qui suit son cours, inéluctablement.

« un po' per celia e un po' per non morire al primo incontro; ed egli alquanto in pena chiamerà, chiamerà: "Piccina mogliettina, olezzo di verbena" i nomi che mi dava al suo venire.»

C'est un extrait de cet air phare « Un bel di vedremo », retranscrit partiellement au graphite en pourtour, qui révèle la fragilité et la profondeur expressive de Butterfly dans son plus pur paroxysme.

« Même pour le simple envol d'un papillon, tout le ciel est nécessaire. »
Paul Claudel