Didon et Enée, c’est probablement l’art lyrique qui nous en parle le mieux. Ici, les pigments chauds sont utilisés pour cerner de jaune et de bordeaux les amants éperdus, leur quête d’impossible, le désespoir des corps qui, de fusion naissante, seront demain les jouets de la séparation.

Colorimétriquement parlant, leurs valeurs attribuent au blanc de titane un rôle qui est, paradoxalement, celui de la couleur de la mort, de la finitude.

Prisonnière des pulsions d’Eros et Thanatos, aimée l’espace d’une unique nuit, Didon, abandonnée et désespérée, mourra de chagrin et de désillusion, dans l’un des airs les plus poignants et admirables jamais écrits pour l’opéra, et composé par Purcell.

Émergeant, comme d’un bloc de carrare, cette étreinte matérialise le souffle de vie. Ce baiser n'est pas inerte, il est vivant et conscient. Il est la Source de tout, mais il est en même temps la création du tout, comme se plaît à nous le rappeler, par sa présence, le revers de la main diaphane au premier plan.

L’inscription transcrite timidement au graphite, nous offre un cadrage émotionnel puissant et prophétique :

« Tu as malgré tout décidé de partir, de laisser Didon… malheureuse.

Et, ta foi, tout comme tes voiles, va être éparpillée par le vent.

Tu es décidé, Enée, d’appareiller et de te dégager de ta promesse. » es décidé OU as décidé ?

« La mort est un défi, la mort est un effort pour s’unir, les hommes sentant que le centre mystique leur échappe, ce qui est proche se retire, le ravissement s’évanouit, on est seul. Dans la mort, il y a une étreinte. »
— Virginia Woolf