Aînée des Titanides, sœur et épouse d’Océan, ce portrait sur trame de techniques mixtes qui en est fait se veut une représentation imagée de cette divinité primordiale.
Inclinée vers la gauche, se référant neurologiquement parlant à l’univers analytique et aux dons de stratège, cette géante inquiétante et accueillante demeure immuable et imperturbable. Chamarrée, elle nous offre la contemplation radieuse et mystérieuse des aplats colorés, incarnant, tel un arc-en-ciel, le trait d’union entre le terrestre et le céleste.
Ses nombreux descendants l’entourant, comme des malicieux « Putti » tout droit sortis des écumes du quattrocento et de cet océan gris de perle, ils rendent ses lettres de noblesse à cette couleur-caméléon aux frontières incertaines, le gris mariant les contraires et étant le point de rencontre de tous les possibles. Philippe Claudel a écrit que « le gris est magique par la douceur qu’il procure et qui permet d’estomper, de faire disparaître du monde et de nos vies, toutes formes tranchantes, qu’elles soient mentales ou physiques ».
Solide et minéral, le socle sur lequel la géante est assise, dans une posture évoquant les sceaux de suzerains carolingiens, induit une couleur neutre aux multiples associations et symboliques. Un gris alchimique qui établit « un nouvel ordre ouaté du monde ».
« Chaque femme contient un secret : un accent, un geste, un silence. »
— Antoine de Saint Exupéry, Courrier Sud