« […] La lune pleine, au miroir de l’onde,
Emporte à jamais dans sa folle ronde
L’âme des visages qui, dans l’eau profonde,
Auprès d’elle s’y seront noyés.
Séléné, Séléné, des profondeurs de l’onde,
Se languit de toi, mon âme vagabonde […] »
Aspérités brutes, utilisation de carton, de papier déchiré et de divers matériaux de récupération, personnifient la déité archaïque passionnée Séléné, dont l’amour s’apparente aux effets du soleil d’hiver.
Maîtresse des amours de l’ombre, froides et distantes, son regard pénétrant citrine, elle ne peut se résoudre à vivre sans Endymion, jeune et magnifique berger, marié, pour lequel elle éprouve une véritable passion…
Passion très intense, perçue comme une focalisation incontrôlable de l’objet d’affection, au sein de laquelle s’exécute une « milonga » alternant plaisirs et souffrances.
Ce sentiment particulier peut s’apparenter à la pulsion créatrice de l’artiste, son essence, sa vision, sa foi, livré ici comme une détonation inopinée : la culture.
Les voyages chamaniques et rêves, faisant écho à ce mythe de folie douce ou d'amour débridé, nous plongent, par la figure du pasteur consentant, dans les abîmes dimensionnels de l’inconscient inexploré, tel un sommeil rendu éternel, gardant ses beautés intactes, nous permettant d'échapper à la fatalité létale d’un quotidien aliénant, d’une apnée d’investigations assommantes.
Nuit après nuit, d’insomnies en agrypnies, la déesse lunaire, plaisante fidèle, vient contempler silencieusement son amant endormi, c’est une sonate au clair de lune, un adagio nocturne qui résonne et mélange horizons lointains beiges, froideurs anthracite, moments impossibles chair…
« Le sommeil et l'espérance sont les deux calmants que la nature accorde à l'humanité. »
Pierre Boiste, Le dictionnaire universel